L’histoire
Le tram de Villard… Pendant 40 ans les gens de Grenoble ont ainsi désigné l’aimable tortillard qui, partant de la place Grenette, au centre de Grenoble, prenait rapidement d’assaut les premières pentes du Vercors à hauteur de Seyssinet pour se hisser patiemment jusqu’à Saint-Nizier du Moucherotte. Redescendre ensuite sur Villard par Lans ne représentait alors plus de grande difficulté pour une mécanique fortement sollicitée à la montée. Imaginé dès 1891, inauguré en 1911, vaincu en 1951. La route a vaincu le rail, titrait un journal d’époque.
Sous la mousse, le muret cimenté revêt un aspect vénérable.
Les vestiges
Les vestiges de cette trop courte histoire sont encore manifestes. Encore faut-il, pour les trouver, accepter d’abandonner son véhicule. Car c’est là le charme de l’histoire : le tracé du tram a été effectué pour bonne partie à l’écart de la route de Grenoble à Saint-Nizier. Les vestiges ne sont donc pas, comme bien souvent, sous une large couche de bitume, mais au frais, dans la forêt, sur un tracé plus à l’ouest.
Il est donc loisible au promeneur d’emprunter cette large voie ; il sera difficile d’ignorer l’histoire de ce qui semble au départ n’être qu’une belle piste forestière : parapets de pierres maçonnées, murs de soutènements, tunnels, larges virages, pente douce et quasi constante, canalisations…
Le tram n’est plus là, mais il se pourrait que vous l’entendiez s’éloigner au loin, grinçant et balançant. Vous vous surprendrez alors immanquablement à vous imaginer à bord, à goûter au plaisir que procuraient les magnifiques paysages qui s’ouvraient sur la métropole et ses montagnes, au fur et à mesure de l’ascension ;
à profiter du bon génie des bâtisseurs, qui avaient eu la hardiesse de faire pénétrer cette machine au cœur de la forêt ; et finalement, avisant une traverse hâtivement déposée au bord du chemin, à vous dire que finalement, les raisons économiques qui avaient préludé au démantèlement de la ligne n’auraient aujourd’hui peut-être pas eu raison de l’aimable tortillard.
Né trop tôt ou abandonné trop vite, qui sait…